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Travailleurs détachés : directive européenne (08 08 2016)

Question de sénateur et réponse ministérielle publiées le 8 juillet 2016 sur le site du Sénat (cliquer ici pour accéder au site du Sénat)

http://www.senat.fr/questions/base/2016/qSEQ16070938G.html

 

Question d'actualité au gouvernement n° 0938G de Mme Frédérique Espagnac (sénatrice des Pyrénées-Atlantiques)

 

Ma question s'adresse à Mme la ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

 
Le Premier ministre a fait, ce week-end, de nouvelles déclarations à propos des travailleurs détachés. Ce mécanisme européen permet à des travailleurs européens de travailler dans un autre pays, mais en étant soumis aux cotisations sociales de leur pays d'origine. Il s'agit d'un dispositif qui fait l'objet de nombreuses contestations depuis sa création, notamment au regard d'une concurrence jugée déloyale.

 
Depuis plusieurs mois, les contrôles liés aux travailleurs détachés ont augmenté pour combattre les fraudes. Il est en effet intolérable qu'un travailleur, quel qu'il soit, détaché ou non, travaille 50 heures payées 35. Il existe des règles, il faut les respecter.


La lutte contre la fraude revêt d'autant plus d'importance au regard des nouvelles données publiées récemment. Les salariés rémunérés au SMIC de notre pays coûtent aujourd'hui moins en cotisations patronales que les salariés de nombreux autres pays européens bénéficiant des mêmes niveaux de salaire, grâce principalement au crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, le CICE, qui permet à notre pays d'avoir un marché de l'emploi plus compétitif. 

Pourtant, ces efforts sont ruinés par les fraudes au détachement de travailleurs. Ce n'est plus alors une concurrence déloyale, mais une concurrence illégale !

 
Nous avons bien entendu les propositions du Premier ministre pour éviter le dumping social européen, tout en préservant le droit au détachement des travailleurs. L'harmonisation sociale et fiscale doit par ailleurs faire partie des évolutions de l'Union européenne, car elle est très attendue par les Français.

 
La révision de la directive sur les travailleurs détachés présentée au printemps, que nous appelions depuis longtemps de nos vœux, entérinerait enfin le principe « à travail égal, salaire égal ». L'instauration de cette règle nouvelle répondrait en partie au problème du dumping et irait dans le sens du mieux-disant social. Seulement, le Brexit ralentit actuellement le processus… 

Madame la ministre, pourriez-vous faire un point rapide sur l'action du Gouvernement contre la fraude aux travailleurs détachés et nous préciser comment la France entend agir pour faire évoluer la directive européenne ?

 

Réponse du Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social publiée dans le JO Sénat du 08/07/2016 p. 12450

 

 

Madame la sénatrice, je vous remercie d'avoir posé cette question, car le sujet est essentiel. Nous l'avons déjà abordé dans cet hémicycle lors de la discussion du projet de loi Travail.

 

La question n'est pas celle de la libre circulation des travailleurs au sein de l'espace européen ; c'est celle de la fraude au détachement de travailleurs, sachant que la France est le troisième pays d'envoi de travailleurs détachés.

 

Comme vous l'avez dit, la fraude au détachement de travailleurs érode notre modèle social et constitue une forme de concurrence déloyale. Au-delà, nous savons bien que l'Europe doit se construire sur des valeurs. Or la dignité des travailleurs au sein de l'espace européen est ici en cause.

 

D'une part, il faut agir sur le plan national pour renforcer la lutte contre la fraude, notamment en instaurant des sanctions. C'est ce que nous avons fait avec la loi Macron, la loi Savary et la loi Travail. À l'heure actuelle, 1 500 contrôles par mois sont effectués. Les amendes infligées ont permis de récolter plus de 3 millions d'euros. Il faut continuer dans cette voie.

 

D'autre part, au niveau européen, nous avons fait beaucoup de lobbying, notamment avec l'Allemagne, et obtenu de la Commission européenne une révision de la directive de 1996. Cependant, onze parlements nationaux ont déclenché la procédure du « carton jaune ». Le Premier ministre m'a demandé de me rendre dans quelques semaines à Bratislava pour y rencontrer mes homologues et leur expliquer la position française.

 

Quelle est-elle ? Au-delà du respect du principe « à salaire égal, travail égal » sur un même lieu, notamment en lien avec les conventions collectives, nous ne pouvons admettre la constitution d'entreprises « boîtes aux lettres » à seule fin d'employer des travailleurs détachés. Nous souhaitons en outre l'interdiction de la pratique inacceptable du double détachement de travailleurs intérimaires et l'inscription de l'hébergement dans le « noyau dur » des droits. Il y va de la dignité des travailleurs.

 

Le Premier ministre a eu raison de dire que la fraude au détachement de travailleurs est emblématique de l'Europe dont les citoyens ne veulent pas. Nous allons tout faire pour obtenir la révision de la directive de 1996. 

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